La dépression post-partum
- Erwann Gouadon

- 8 nov.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 nov.

Qu'est-ce que la dépression post‑partum ?
La dépression post-partum ou dépression postnatale est un trouble dépressif. Ce dernier peut survenir pendant la période qui suit un accouchement.
En effet, la naissance de l'enfant est souvent un moment bouleversant. L'excitation et la joie peuvent se mêler à la tristesse, à la fatigue et à des variations émotionnelles intenses.
La différence entre dépression post-partum et baby-blues ?
Il existe une distinction entre dépression postnatale et baby-blues.
À la différence du baby-blues, la dépression post-partum occasionne une souffrance importante qui persiste dans le temps, et s'accompagne d'un envahissement des symptômes dans le quotidien de la mère, du père et de la famille. Elle a des conséquences sur la relation parent-enfant qui peuvent s'étendre jusqu'au développement de l'enfant dans certains cas.
Le repérage, la prise au sérieux et le traitement de la détresse parentale sont donc essentiels. Ceci afin que la souffrance ne s'enkyste pas et que la construction des liens précoces d'attachement puisse se faire de manière apaisée.
Le baby-blues ou blues du post-partum, quant à lui, se manifeste si fréquemment qu'il peut être considéré comme normal. Il peut s'agir d'un moment difficile pour le parent, mais sa gravité est nulle et il ne dure pas dans le temps. L'engagement en psychothérapie est tout de même bienvenu puisqu'il existe cependant des risques d'évolution vers une dépression postnatale.
Repérer : quels sont les symptômes de la dépression postnatale ?
Les symptômes que la dépression post-partum laisse apparaître sont très proches de ceux que nous retrouvons de manière générale dans la dépression :
Tristesse intense : pleurs fréquents, sentiment de vide
Angoisse particulièrement marquée : crises de panique, hypervigilance, anxiété...
Culpabilité excessive : sentiment d'être un.e mauvais.e père ou mère, de n'est pas assez un assez bon parent, de mal faire, de ne pas y arriver...
Pensées intrusives désagréables, voire ruminations
Epuisement : fatigue importante, manque de vitalité et d'énergie
Difficultés relationnelles avec l'enfant : manque d'envie de s'occuper de l'enfant, difficultés à ressentir les émotions, indifférence, mise à distance de l'enfant
Troubles du sommeil et/ou de l'alimentation
Parfois idées noires ou idées suicidaires
Si vous reconnaissez certains de ces signes chez vous ou chez un proche, il est important de demander de l’aide. Ainsi, vous pouvez m'appeler directement au 0685192074 ou bien prendre rendez-vous sur Doctolib pour en parler.
Quelles sont les causes de la dépression du post-partum ?
Les causes entraînant une dépression postnatale varient évidemment au cas par cas. Toutefois, il n'est pas rare de trouver des caractéristiques communes.
La grossesse, l'attente, l'accouchement, et l'arrivée d'un enfant sont loin d'être des moments anodins. Ils peuvent générer des inquiétudes actuelles et réveiller des angoisses, des souvenirs refoulés du passé, qui entrent en résonance avec la situation présente. Le contact prolongé avec un nouveau-né ou un très jeune enfant entraîne également une forme de régression nécessaire pour entrer en lien avec l'enfant, pouvoir s'y identifier et décoder ses signaux et besoins. Cette régression a pour effet d'assouplir et d'abaisser les défenses psychiques des parents, qui laissent alors place à l'angoisse, à la remontée de souvenirs émotionnellement chargés ou de traumatismes.
La construction identitaire nouvelle, celle de mère ou de père, s'opère dans un contexte de vulnérabilité. Le devenir parent peut être considéré comme un temps de "crise" au même titre que ladite crise d'adolescence : beaucoup de modifications psychiques, corporelles et organiques à accueillir et à réaliser dans une temporalité assez courte et soudaine.
Aussi, devenir parent suppose un nombre important de réaménagements psychiques : modification de la place du parent dans sa propre famille, adaptation aux changements organiques (hormonaux...) et corporels (transformation du corps maternel et de l'image du corps), évolution du couple conjugal au couple parental. Les sentiments parentaux comme l'amour et la haine peuvent peiner à coexister du fait de la pression sociétale qui pèse sur les parents, et entraîner de la honte, de la culpabilité, un sentiment d'être mauvais.
L'accouchement qui marque la fin de la grossesse nécessite une forme de deuil : deuil de l'état de grossesse, deuil d'une position sans responsabilité vis-à-vis d'un autre, deuil d'une certaine liberté d'action... Or, le fait de faire le deuil est souvent compliqué pour l'être humain.
Devenir parent consiste en une construction qui n'est pas évidente et qui peut être parsemée de difficultés : on ne naît pas parent, on le devient, dirons-nous à partir de la formule de Simone de Beauvoir.
Traitement d'une dépression post-partum par la psychothérapie ?
La psychothérapie est un traitement qui opère en permettant de libérer une parole - souvent vécue comme honteuse -, de faire son deuil, de construire au fil du temps sa parentalité, les changements identitaires et relationnels. Parler librement de sa honte, de sa culpabilité, de sa colère, de son agressivité, de son angoisse, de ses craintes, de ses doutes et de ses difficultés, offre la possibilité de transformer la souffrance en une expérience parentale apaisée, joyeuse et enjouée.
Devenir parent est d'ailleurs l'occasion pour de nombreuses personnes de s'engager en psychothérapie ou en psychanalyse, et ainsi commencer à s'occuper de construire leur vie autrement, telles qu'elles l'entendent. C'est un moment particulièrement fécond pour se mettre au travail vis-à-vis de soi-même, de son corps, de ses relations aux autres et au monde.
Dans la dépression post-partum, la gravité des symptômes et de la souffrance peut s'installer, et comporte un certain risque pour le parent comme pour l'enfant. Ainsi, il est recommandé de consulter sans tarder un psychothérapeute pour évaluer la situation et la traiter. Dans les cas où la sévérité de la dépression postnatale est considérable, une prise en charge médicale complémentaire peut s'avérer nécessaire.
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